24 juin 2007 - de Phagalcette au bivouac avant les chalets d'Iraty

Publié le par Aurélia

IMG-0059.JPG


J’ouvre les yeux vers 6h, et après avoir commencé à ranger mon bazar, je passe la tête dehors, et n’en crois pas mes yeux devant la beauté du spectacle ; à ce moment-là, je me sens vraiment privilégiée d’assister à ce moment éphémère : le temps de la photo, et quelques minutes après, la lumière a déjà bien changé…ceux qui ont dormi au gîte ont raté ça…

IMG-0061-copie-1.JPG
 
Je reprends la route vers 8h et arrive bientôt à un col avec des palombières ; j’ai assuré hier Richard, l’anglais, que ce n’était pas la période de la chasse, et ce matin, j’ai entendu des meutes de chiens et des coups de fusils… il a du se dire que j’étais bien mal informée !
 
IMG-0065-copie-1.JPGAu col sur la croupe d’Ithurramburu, après un chemin assez quelconque depuis ce matin, je me prends une belle émotion : je quitte les vallons et les champs très marqués par l’homme, pour plonger dans une vallée forestière encaissée, le vent est très fort, le tableau que j’ai devant les yeux est exactement à l’image de ce que je m’imagine quand je pense « Pays Basque ».
 
Après une descente en lacets sur une piste dans cette forêt, le GR part à droite, de façon très abrupte…je souffre et prends un pas d’escargot… Richard me double, ce qui d’abord m’étonne puisqu’il est parti plus tôt, mais il me dit qu’il a raté la bifurcation et a marché 30 min pour revenir ensuite sur ses pas…peu après, il a déjà disparu loin devant ! Quand on marche si vite, on n’est pas à 30 minutes près mais en ce qui me concerne, je fais TRES attention à ne pas louper les marques du GR !!
 
IMG-0071-copie-1.JPGArrivée au col d’Irau, je m’arrête à une bergerie acheter du fromage et une boite de boudin basque…En fait, je n’avais pas vraiment besoin de ça, mais c’est histoire de faire une pause, de discuter un peu avec le berger, et de prendre le temps de mettre mon premier pansement au talon droit, qui commence à bien chauffer à cause de toutes ces montées…

Après 5 minutes de répit sur la route plane du col, voilà que le GR attaque un flanc herbeux des plus raides : tout droit, sans détour vers le plateau d’Occabé…Quelle misère, monter, toujours monter….en fait j’avance tout doucement, mais surement, et je profite du paysage ; le ciel est toujours bleu-voilé, le vent toujours aussi fort, à tel point que je m’aide de mes bâtons pour m’ancrer à chaque pas et ne pas vaciller sur le côté gauche. 


IMG-0074-copie-1.JPGLes pauses sont nombreuses (à peu près tous les 3 pas !) pour regarder autour de moi ; l’herbe étant assez haute, toute les pentes environnantes sont parcourues de vagues, avec ce vent, c’est très joli (mais ça ne donne rien en photo !)

Pas très loin sur ma droite, je crois reconnaître la crête qui mène à la Tour d’Urkulu, mais je n’en suis pas sûre, j’attends le commentaire de mon père à ce sujet ! (voir là, en milieu de page : http://aurelia3.free.fr/MonChemin2006/Page4.html)
 





Vers midi, j’arrive enfin sur le plateau ; le vent me fait mal à l’oreille droite, que je décide de boucher  ou c’est l’otite assurée ! A part ça, il fait un temps très clair, et à cet endroit, c’est plutôt un avantage, car les balises sont ici réputées difficiles à voir dans le brouillard. Je laisse sur ma gauche les fameux cromlechs, au milieu desquels un couple est en train de pique-niquer, passe au pieds du sommet, un amas de rochers que je néglige d’escalader, pour me poser au milieu d’autres rochers, à l’abri du vent, sous un soleil désormais radieux qui cogne fort mais me redonne le sourire…pique-nique et sieste-bronzette, un régal !IMG-0079-copie-1.JPG

Direction le chalet Pedro, où j’avais initialement prévu de déjeuner…mais qui finalement, était beaucoup trop loin pour ça. Grosse descente sur une piste dans la forêt, où je récupère un chien ; je crois d’abord qu’il est au monsieur que je viens de doubler qui lisait sur un tronc, et ça m’embête, j’essaye de le renvoyer à son maître, mais en fait, il ne me suit même pas, il me précède !
Grosse déception arrivée au chalet Pedro : j’imaginais ça tout petit et chaleureux, et en fait, c’est grand, avec plein de monde et plein de voitures ; il est 14h30, les gens sont encore en train de déjeuner dedans, ou dehors au soleil, ça braille partout, je me sens un peu perdue…Vu les caisses de bouteilles de vin et de champagne empilées à l’entrée, j’imagine qu’il y a eu une grosse fête !
Je m’installe à une table sous un parasol et tente avec difficulté de commander un café et un Perrier…(à l’origine, j’avais pensé à une bière, mais vu la chaleur et le chemin qu’il me reste, en montée, j’ai bien peur que ça me coupe les jambes !)
Le maître du chien arrive et se pose aussi, j’apprends alors que ce n’est pas son chien (je m’en doutais un peu quand même, il n’a pas de collier), et qu’il se le traîne depuis Estérençuby…il a du être bien content que je me l’embarque !
Après avoir rempli ma gourde de 2 litres d’eau, j’abrège à 15h la pause, et file en essayant (avec succès) de ne pas me faire repérer par le chien pot de colle.
 
Ce soir, j’ai prévu de bivouaquer près d’un lac, avant les chalets d’Iraty. Il reste donc un peu moins de 2h de marche ; il fait très chaud et je suis fatiguée, surtout des épaules, mais les jambes, ça va.
Aujourd’hui c’est dimanche, il y a du monde partout, au bord du 1er lac artificiel, à côté d’une aire de caravaning. Je quitte la route et grimpe raide dans la forêt d'Iraty ; outre le balisage du GR, il y a des panneaux de circuits de raquettes et de ski de fond…il faudrait revenir en hiver !
Un peu plus haut, un couple de retraités de Saintes est assis, un peu perplexe et fatigué…cette montée est dure pour eux, et surtout, ils se disent qu’à priori, ils ne devraient pas la faire : on papote et je les oriente autant que je peux : il semble qu’ils aient raté le balisage jaune du sentier de découverte et qu’effectivement, ils ne devraient pas se trouver là : la côte, elle est pour moi !
Ils sont impressionnés par mon attirail, et s’inquiètent du fait que je sois seule et que j'ai l'intention de bivouaquer ce soir…je commence à m’habituer, ça fait ça à chaque personne que je rencontre ! Pour le poids du sac, je ne vais pas mentir, c’est trop lourd et j’en souffre, mais je le porte et c’est tout.

Quand j’arrive à l’autre petit lac, au bord de la route, il y a encore plein de monde qui bronze (non loin d’un camping), je continue à grimper, toujours plus haut, toujours plus lentement…je me dis que mon but est proche, mais je suis exténuée…à chaque virage, c’est de plus en plus dur, et en plus, je ne comprends pas pourquoi je n’arrive pas au lac que je cherche…Vu l’heure, je vais arriver aux chalets d’Iraty avant d’avoir posé ma tente ! Une petite famille qui descend me confirme qu’il n’y a pas de lac et que les chalets sont à une demie-heure ; je m’écroule au bord du chemin, ras-le-bol. Je vais donc dormir au gîte d’Iraty ; c’est pas grave, c’est juste que ça m’énerve et que je suis vexée : si je porte ma tente, c’était principalement pour ce bivouac dont j’avais rêvé…
De rage, j’engloutis 1 pâte de fruit et 2 ovomaltines, rien que ça  (au passage, je note pour la prochaine fois que j’abandonnerai les ovomaltines au profit des pâtes de fruit, qui me sont vraiment d’un grand secours au moment des baisses de régime); je sors la carte et constate qu’effectivement, le 3ème lac n’est pas sur le GR mais sur la route, je ne risquais pas le trouver…

Requinquée, je repars tranquillement. C’est alors que je sors de la forêt, sur la crête de l'Eguichouria et que  je tombe sur une clairière magnifique, entre deux vallées encaissées, un véritable appel à planter la tente. Il n’y a pas d’eau mais j’estime qu’il m’en reste largement assez pour le dîner et le ptit dej, et je referai le plein demain au gîte d’Iraty, puisqu’à priori, il est tout près.



IMG-0083.JPGJe prends encore 5 minutes pour trouver l’endroit idéalement plat et confortable, et zou, je plante. Comme toujours, au début, j’ai l’impression que tout est tordu et que je vais devoir m’y reprendre à plusieurs reprises, mais finalement non, c’est plutôt réussi. Il fait très beau, mais avec pas mal de vent, ce qui me permet de bien vérifier que tout va bien tenir.










IMG-0082.JPGIl est 17h30, le nid est prêt, j’ai déballé mes affaires, je n’ai plus qu’à profiter : je bouquine, j’écris, j’admire…
Quel lieu magique…après en avoir bavé en fin de journée, j’apprécie encore plus d’avoir pris la décision de m’arrêter ici !

Des mamies qui se promènent sur le GR me regardent, et je vais à leur rencontre pour leur demander à quelle distance exacte se trouvent les chalets d'Iraty ; elles me répondent qu'elles sont dans le tout premier chalet que je rencontrerai demain, à 500m de là ; évidemment, j'ai droit à leur inquiétude, que j'aurais du m'installer plus près des habitations etc... inutile de leur expliquer que j'ai moins peur de me faire zigouiller à l'écart de tout, plutôt qu'au milieu des habitations !
Comme je leur ai demandé s'il y avait de l'eau pas loin (au cas où, même si j'en ai assez), elle m'invitent à passser chez elles demain matin, pour remplir la gourde et prendre un café. Elles sont sympas le mamies de Bayonne !
 
 
 
 
IMG-0086-copie-1.JPG
 
Vers 19h, je décide de me mettre à la popotte, tant qu'il fait jour et encore bon : Avec le vent qu'il y a , je choisis tout de même de faire chauffer l'eau à l'abri de l'avancée de la tente, comme ça j'ai droit en prime à un sauna ! Le réchaud éteint, je retourne dans le jardin pour préparer mon repas : soupe tomate, semoule épicée et compote... miam ! jamais rien mangé de meilleur !


IMG-0091-copie-1.JPGJe reprends mon écriture devant la tente, le vent est tombé ; plusieurs choses arrivent alors : depuis mon arrivée, j'entends les cloches des vaches au loin, et voilà qu'elles se rapprochent... une puis deux, puis tout le troupeau ! mince ! me serais-je installée sur leur dortoir ? 


IMG-0097-copie-1.JPGC'est bien ma veine ! je me dis qu'on va sûrement trouver un arrangement, cohabiter gentiment...Je leur demande poliment de "dégager prestement" lorsqu'elles s'approchent trop près de ma maison...c'est marrant, il y en a des indifférentes, qui poursuivent leur chemin, et d'autres qui bloquent complètement sur moi, et qui vont me regarder sans bouger pendant un bon quart d'heure !

Dans le même temps, j'observe les nuages qui envahissent la vallée, doucement mais sûrement, des deux côtés de la crête, et quelques grondements de tonnerre se font déjà entendre. D'un côté, c'est assez inquiétant, mais d'un autre, je suis très en confiance vis-à-vis de la tente, qui est très stable et très bien montée, sans me vanter (le double toit est vraiment très loin de la tente intérieure).

De leur côté, les vaches continuent leur progression : en fait, elles vont boire dans une grosse flaque du chemin, et je suis sur le lieu de passage ; quand elles auront fini, elles referont le parcours en sens inverse, et disparaitront par où elles sont venues...je ne dormirai pas au son des cloches (et surtout, je ne me ferai pas écraser !!)

Quelques éclairs, des coups de tonnerre plus forts, tout en n'étant pas vraiment effrayants, puis des gouttes de pluie : je me réfugie à l'intérieur et j'en profite pour faire un semblant de toilette, avec un gant jetable que j'avais apporté ; c'est plutot pas mal et surtout mieux que rien !  J'écoute la pluie tomber sur la tente, j'adore ce bruit... mais il cesse très vite, et tout redevient calme. Un coup d'oeil dehors :  il n'y a plus du tout de paysage, tout est blanc, je suis dans les nuages ! Le temps de prendre la dernière photo de la journée, un coucher de soleil un peu particulier, et il ne me reste plus qu'à me coucher, en toute sérénité.
IMG-0098.JPG










Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
E
ouuuuah ! superbe !
Répondre