28 juin 2007 - Du refuge Jeandel à Lescun

Publié le 28 juin 2007 par Aurélia

Ce matin là, les yeux à peine ouverts, je me rue sur la fenêtre de la chambre, et c'est comme un rêve : ce que j'attendais est là ! une mer de nuage, un ciel bleu, ça va être une journée magnifique !
Le Pays Basque dans le brouillard, finalement, c'était presque une évidence, mais aujourd'hui, j'aborde "la" montagne, et pour cette étape, avoir du beau temps est un vrai cadeau.

Je pars avec Richard à 8h10. Au début, le GR suit une piste de ski et contourne la station d'Arette-la-Pierre-Saint-Martin ; bien sûr, à cet endroit, la montagne est défigurée, mais grâce à la mer de nuages, au loin, ce n'est pas si affreux. On bifurque sur un chemin herbeux, et là, on rencontre Pierre, qui se balade avec un petit seau de peinture : ce mec est notre ange gardien ! il fait partie des bénévoles qui balisent le GR ;

nous discutons un peu, et il me demande mon avis sur le balisage ; je le félicite, car hier dans le brouillard, je ne me suis pas perdue (ou si peu...), mais je lui fais la remarque que j'y voyais à environ 15m...je pense que j'aurais eu plus de difficultés si le brouillard avait été beaucoup plus épais...mais bon...peut-il mettre des balises tout les 50 cm ??
Je lui parle aussi du passage dans l'herbe où hier on s'est fait courser par les vaches, et que là, les balises sont difficiles à trouver...il a l'air tout penaud et me dit qu'il le sait, beaucoup de gens ont des problèmes à cet endroit, mais il n'y a pas de support pour poser sa peinture... devrait-il planter des poteaux ?

D'un coup, notre conversation s'arrête car nous avons tous les trois yeux fixés sur deux marmottes qui, tout près de nous, sortent de leur terrier et se mettent à brouter...c'est trop mignon !! Ca parait naïf de dire ça, mais moi, les marmottes, je n'en vois pas tous les jours, et je ne m'en lasse pas ! J'ai donc du mal à redémarrer...Richard file devant, et je laisse Pierre à sa peinture...

Me voilà sur ce fameux "plus grand lapiaz d'Europe" : un grand plateau calcaire fissuré et crevassé ; il y a des fleurs partout, et au loin, les sommets de la vallée d'Aspe dépassent au-dessus des nuages...Evidemment, je prends des tas de photos ; à chaque pas, je me dis "bon, c'est la dernière...", mais je recommence encore et encore !

Tout va bien, il fait beau, le chemin est bien balisé...mais je suis très prudente, et je me répète inlassablement la règle de base "d'abord s'arrêter, et ensuite, lever les yeux et regarder"... franchement, le chemin est facile, ça ne monte pas trop, mais trébucher est si vite arrivé...et ici, les rochers sont acérés... (d'un autre côté, je sais qu'il y a un groupe de 4 personnes pas trop loin derrière moi, je les ai vus au loin monter de la station, donc s'il m'arrive un truc, je serai vite repérée...ben oui, on y pense, à ce genre de choses !)

Je fixe au loin la "dent", dans la paroi des Arres de Camplong, en me doutant que c'est là-bas le fameux "Pas de l'Osque", LE passage un peu délicat de la journée... Dans le topo-guide, il n'y a aucun avertissement sur la difficulté de ce passage, mais sur la carte IGN, alors que le GR est signalé par un trait rouge, ce passage est en pointillé...d'après ce qu'on m'a décrit, ce n'est pas si difficile...mais malgré tout, je suis un peu nerveuse.
Me voilà au pied du Pas de l'Osque : bon ok, je vois bien ce que c'est à présent ; effectivement, c'est raide, alors je coince mes deux batons sous mon bras droit pour avoir mes deux mains libres et me hisser dans ces rochers...J'entends qu'on m'appelle ! Richard est là-haut, ça me rassure de ne pas ête seule à ce moment...Je commence donc à grimper, c'est très facile finalement et les prises nombreuses, il faut juste être attentif...La difficulté réside uniquement dans le poids du sac, comme toujours, qui m'attire en arrière ; j'avoue que j'ai eu une sueur froide quand mon pied a un peu glissé...
Bon, me voilà passée.

Waou ! De l'autre côté, quel panorama ! Je comprends pourquoi Richard est là, il s'est posé après le passage, et il contemple depuis un quart d'heure. Je ne peux m'empêcher de m'exclamer "c'est l'Ossau !" et je ris.
Pour la suite, c'est de la descente où je me sens plus à l'aise que lui: je passe devant, le petit pierrier qu'on doit traverser à flanc ne m'impressionne pas...C'est drôle de voir que tout le monde n'a pas les même perceptions des dangers...

Toujours des fleurs, je suis ravie d'être partie en juin, je n'en ai jamais vu autant, d'aussi variées, en même temps...
Je suis chargée de trouver le meilleur endroit pour le pique-nique, ce qui n'est pas difficile ! n'importe où, c'est parfait ! J'ai réussi à convaincre cet anglais que ce qui est bien, c'est de prendre son temps, et de profiter tant qu'on est dans la montagne ; jusqu'ici, lui, il courrait, arrivait au gite à midi et faisait la sieste...aujourd'hui, il me remercie : sans moi, il serait déjà à Lescun et n'aurait rien vu du paysage (je n'y crois pas mais s'il le dit...)

Descente toujours, dans l'herbe, où on laisse le départ vers le Pic d'Anie à la cabane du Cap de la Baitch, puis dans un bois vers le refuge de Labérouat, et dernière ligne droite jusqu'à lescun.

Joli village plein de fontaines, de façades couvertes de rosiers, de jolies petites rues...

Reste à trouver un gite : devant celui recommandé par mes parents, à côté de la mairie, un gars répare sa moto, 4 sacs poubelles sont devant la porte... bref ça ne m'inspire pas. Le gite de l'hôtel du pic d'Anie, pas très loin, est très bien, alors on s'y installe, il n'y a personne.
Après les activités habituelles de fin d'étape : douche, lessive, débalage du sac etc, je pars arpenter les rue du village, et je finis par tomber sur le bar (par hasard...)
Les Bretons sont là, ils ont refait le chemin de la Pierre à Ste-engrace, sous le soleil cette fois, pour y retrouver leur voiture, et sont maintenant au gite de Borce, où on les retrouvera demain. Ils sont donc ici en touristes, à se dorer au soleil, et je me joins à eux.
Tout le monde fini par se retrouver là, le groupe de 4 qui me suivait, le groupe de 5 HRPistes etc...et après la bière, direction l'épicerie : il faut refaire les stocks, et prendre de quoi se préparer à diner... Pour nous ce sera des pâtes/thon/sauce tomate et bien sûr du fromage de lescun.
Pendant qu'on prépare le repas débarquent deux retraités de presque 70 ans, en grande forme, avec 3 caisses de vivres, ils s'installent pour 10 jours. Ce sont deux amis, homme et femme, qui ont l'habitude, depuis des années, de se faire 10 jours dans les Pyrénées, et d'écumer tous les sommets du coin. Pendant qu'on mange tranquillement sur la grande table, ils commencent à se préparer à dîner, se chamaillent et nous font trop rire...On passe une bonne soirée.